Innovation dans le médical à Bordeaux

            le 12 juin 2020

Smart City, santé, industrie : les recettes de Bordeaux pour innover

Certes Bordeaux est la cité du vin, mais elle est également le berceau du pure player e-commerce Cdiscount et d’un écosystème tech à fort potentiel. Secteurs public et privés y partagent une dynamique d’innovation dans 3 grands domaines : la smart City, l’industrie 4.0 et la santé. Visite guidée.

Placée dans le top 3 des métropoles qui voient leur population progresser grâce à sa LGV qui la place à 2 heures de Paris, Bordeaux entend dynamiser les opportunités ouvertes par cette croissance en plaçant l’innovation au coeur de son projet métropolitain. Symbole de cette volonté, la Cité Numérique et ses 27.000 m2  (photo) a ouvert ses portes à Bègles il y a quelques mois, avec quelques fleurons du secteur privé comme OnePoint, le département R&D de Sanofi, une école d’IA de Microsoft et une trentaine de startups.

Cité Numérique de Bordeaux

Smart City : expérimenter en concertation avec des réseaux d’échange européens

Côté public, la métropole se montre également très innovante dans sa démarche de transformation urbaine.
L’une des initiatives emblématique en matière de Smart City se trouve dans le quartier du stade Matmut Atlantique. Son objectif : tester grandeur nature un réseau de capteurs IoT  – plus de 200 – pour gérer à la fois l’éclairage public, la recharge de véhicule électrique et l’éclairage public, et optimiser la consommation énergétique. Dans un deuxième temps, elle s’étendra aux containers de tri pour optimiser les tournées de ramassage.  L’objectif est de disposer d’un système de télégestion unique, partagé par les services de chaque ville de l’agglomération.  Dans le domaine de l’IoT, Bordeaux participe à un réseau européen de coopération baptisé SynchroniCityIl s’inscrit dans le programme H2020, et réunit des villes comme Manchester, Helsinki ou Milan pour échanger sur les expérimentations locales et peser sur le marché. Bordeaux est également engagée avec le collectif Sharing Cities qui réunit 8 villes dont Londres, Lisbonne et Varsovie pour promouvoir un nouveau modèle de ville et créer une taille critique de marché pour expérimenter de nouvelles solutions.

Côté innovation environnementale, l’aménagement du quartier des Bassins à Flot est un projet urbain de 160 hectares dans le quartier Bacalan proche de la Garonne, lancé en 2010. Le projet comprend la construction de 5 500 logements chauffés à 70 % par des énergies renouvelables. Fruits d’une collaboration entre EDF, l’opérateur local Régaz-Bordeaux et Idex, entreprise nantaise spécialisée dans l’efficience énergétique, deux réseaux de chaleur y ont été développés : Au nord, une chaufferie biomasse, construite en 2014, qui distribue la chaleur via un réseau haute-température de 10 kilomètres pour alimenter chaque pied d’immeuble, tandis qu’au sud de la zone, une station d’épuration produit de l’énergie avec les calories récupérées après traitement, et dessert ensuite 60 postes d’immeubles via un circuit d’eau tempéré.

Mais c’est surtout dans le domaine de la mobilité que Bordeaux est engagée, en association entre la métropole, la région et la SNCF , pour l’amélioration de l’intermodalité entre transports publics (objectif :  un ticket unique dans toute la métropole), et la dans la construction d’un “RER” métropolitain de 3 lignes, qui revalorise des lignes ferroviaires et des gares abandonnées de longue date. Le projet débute en 2020 pour un lancement en trois phases en 2023, 2025 puis 2028.

Quelques explications avec Christophe Colinet, chargé de mission Métropole Intelligente de Bordeaux Métropole :

Pour Christophe Colinet, la crise sanitaire a confirmé l’utilité de la Smart City : «Bien sûr il y a le travail à distance des équipes, mais également l’IoT qui nous a permis d’assurer une partie de la maintenance à distance. La ville intelligente est résiliente : elle permet une meilleure identification des risques et donc d’apporter une réponse appropriée. Imaginons par exemple que l’information collectée par les services ait pu être connectée au dispositif Stop Covid. Elle permettrait de renforcer la fiabilité du suivi”  En effet, alors que l’appli alerte sur de possibles contacts avec un porteur de la maladie sur une période de 15 minutes dans un rayon 1 m, la métropole teste avec l’INRIA la possibilité de croiser cette data avec les prélèvements des équipes sanitaires qui nettoient les écoles, par exemple. On sait que des matériaux comme le métal conservent le virus sur des temps beaucoup plus longs. Si une eau usée révèle une contamination, le bâtiment peut être fermé, et tous les visiteurs qui ont activé l’application peuvent être contactés, renforçant ainsi le niveau de sécurité.

Ecosystème Tech : Première métropole française pour l’e-santé

Bordeaux est naturellement l’une des grandes capitales de la tech.  Le monde académique y développe des ponts avec les acteurs privés notamment dans le domaine viticole. Vignes et réchauffement climatique oblige, le CEA Tech, conjointement avec l’INRIALetiLiten et List (IoT et nanotechnologies) y étudient, sur la rive droite de la Garonne, des solutions d’optimisation de soin et d’arrosage des vignes en captant la donnée météorologique. La vitalité de l’écosystème d’innovation s’est notamment révélée lors de la crise sanitaire, car la e-santé y tient une place particulièrement importante. Ainsi c’est la société Maincare, éditeur de software de la digitalisation du parcours du patient jusqu’à la logistique hospitalière, qui est à l’origine de la plateforme SaaS MediConsult, utilisée pour le suivi des patients atteints du Covid-19 (téléconsultation, télérégulation, télésuivi).  Invivox, hub international de formations médicales présentielles et distancielles, a mis à disposition gratuitement sa plateforme pour former sur la pandémie. Des startups spécialisées dans l’impression 3D ou la robotique ont également proposé leurs services.

De nombreux groupes internationaux du secteur de la santé se sont implantés dans la métropole

Agfa Healthcare, spécialiste en informatique hospitalière (Dossiers patient pour notamment l’AP-HP, activité récemment cédée à Dedalus) et en imagerie numérique, Merck Biodéveloppement, filiale du groupe pharmaceutique allemand spécialisé dans les nouveaux procédés de fabrication de médicaments issus de la biotechnologie, la société suisse Sophia Genetics, qui se dit leader la médecine basée sur la donnée (aide au diagnostic), MedTrust, d’origine autrichienne, spécialisée dans le diabète,  ou encore la plateforme de recherche de LNC, spécialisée dans la recherche et le développement de biomédicaments innovants basés sur le microbiome intestinal (obésité et  maladies métaboliques).

Parmi les startups locales à fort potentiel, il faut suivre Poietis qui développe ses propres brevets en matière d’impression 3D (prothèses) et bio-impression (tissus organiques)

bio-impression Pioetis

Enfin l’industrie 4.0 est bien implantée dans la région girondine. Dès 2014, la région lançait son programme Industrie du Futur et accompagne aujourd’hui 600 entreprises, et Viv Industry,  premier salon régional de l’industrie 4.0, s’est tenu en novembre dernier. Parmi les entreprises locales positionnées sur ce secteur, Fieldbox.ai déploie des solutions de Data Science pour l’industrie (efficacité opérationnelle, maintenance prédictive, etc.) dans 30 pays, tandis que Lectra est spécialisée dans la découpe automatique pour l’industrie et propose des solutions innovantes pour la mode, l’ameublement l’automobile. Lectra a récemment lancé ‘Fashion on demand’ une solution de découpe automatisée à la demande permettant de proposer un vêtement totalement personnalisé dans les mêmes délais et avec la même qualité que le prêt à porter.

Smart City, santé, industries : 3 filières essentielles qui seront un atout pour le rebond de l’économie métropolitaine.

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