Les experimentations de Sidewalk Labs (Alphabet / Google) à Toronto et les réctions des habitants et la municipalité par rapport au respect de des données personnelles ont le mérite d’avoir mis sur le devant de la “Smart City” scène l’importance à traiter en amount le sujet du respect de la vie privée par une consultation citoyenne concertée (entre le promoteur d’immobilier, la municipalité et les prestataires de solutions smart city, spécifiques ou globales).

 avec Philippe Chabrol    –  le 2 décembre 2019

IA: pourquoi les villes intelligentes auront un sérieux problème de respect de la vie privée

Les expérimentations de Google à Toronto permettent de transformer une partie de la ville en smart city. Les villes intelligentes de demain pourraient néanmoins poser des questions sur le sujet sensible des données personnelles.

Atlantico.fr : Google expérimente actuellement dans un quartier de Toronto, transformant ainsi un pan de la ville en smart city. Si l’idée que les villes de demain seront “intelligentes” est désormais acceptée, concrètement quand est-ce que ce concept deviendra réalité à plus grande échelle ?

Philippe Chabrol : La smart city est déjà en marche depuis bien longtemps et dans de nombreuses villes et chaque ville vit sa propre définition de la smart city en fonction de son Histoire, de ses caractéristiques, de ses choix, de sa géographie etc. Singapour par exemple est une ville qui ne peut s’étendre géographiquement et horizontalement donc va miser sur la verticalité. Les villes s’adaptent aux envies des citoyens. Les smart city ne concernent pas seulement les technologies mais aussi les transports ou le développement durable par exemple. Paris a misé sur un grand développement d’incubateurs, de startups. Son objectif est de produire un maximum d’innovations, de faire un véritable laboratoire d’idées. Les gens de manière générale vont surtout se concentrer sur le côté ‘high tech’ des smart city, ce qui est vrai. D’ici à 2050, 70% des gens vivront dans les villes, que Paris sera une des plus grandes mégalopoles au monde, et il faudra bien vivre ensemble, de se nourrir, de se soigner etc. La santé est un point très important avec le développement de la e-santé avec notamment des rendez-vous chez le médecin sur le web qui est déjà très utilisé. Aujourd’hui il y a des tas d’applications pour les transports également.

Les villes de demain seront équipées de rue capables de prévenir les bouchons, de trottoirs chauffant qui feront fondre la neige… Globalement quels seront les avantages de telles villes pour notre vie quotidienne ?

Sur les capteurs, il en existe déjà sur les feus de signalisation et sur le mobilier urbain et permettent de savoir les niveaux de circulation dans les villes. Je ne sais pas si cela est une innovation, mais on va y venir quoi qu’il arrive. L’avantage de ces smart city réside dans le fait que les citoyens sont au centre du sujet. Aujourd’hui, le citoyen est central dans le dispositif et les applications permettent au citoyen de répondre à ses besoins de tous les jours grâce à la technologie. Certaines villes font cela par le biais du open data et c’est très intéressant pour les citoyens car cela leur donne une indication sur leur manière de vivre et comment fonctionne leur vie.

Ces villes de demain auront également la possibilité de savoir où sont les individus et à quel moment ils peuvent éventuellement avoir besoin d’aide. C’est ici, par exemple, que se pose le problème de l’utilisation des données et la question de la vie privée qui inquiète lorsque l’on s’attaque au concept de smart cities. Concrètement comment s’assurer que la vie privée soit protégée et à l’heure actuelle, notamment en raison de loi sur la protection de la vie privée, non adaptée, est-ce possible ?

Il peut exister en effet des problèmes dans les smart city liées à la protection de la vie privée et des données. Si un hacker pirate des choses comme des centrales nucléaires ou des feux tricolores, cela peut poser problème et c’est déjà arrivé par le passé aux Etats-Unis en 2016 avec un hacker présent sur un réseau d’eau potable. Le problème est la malveillance des gens et la sécurisation des systèmes d’informations au sein des villes est un vrai sujet.  Le boulevard connecté à Nice par exemple, qui était une des première réalisation des smart city à l’époque, où on pouvait se garer sans payer, il s’est avéré qu’un hacker s’était enregistré dessus. Il faut créer une gouvernance étatique qui impose des règles très strictes sur ces sujets-là, des contre-attaques, penser à faire des tests réguliers pour éviter les pénétrations et intrusions et hiérarchiser les data importantes. Il ne faut pas relier les systèmes d’information au Wifi par exemple et construire un socle d’infrastructures sécurisé. Si tout cela est pensé en amont, la smart city est une superbe idée. Le vrai sujet dans les vingt ans à venir, c’est la cybersécurité. Il faut penser à comment sécuriser tout cela pour pouvoir vivre et jouir de ces innovations.

Share This